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PHILIPPE PISSIER ARCHIVES (PPA)
11 décembre 2008

La Dépêche du Lot

Publié le 11/12/2008 08:51 | Laurent Benayoun.

Castelnau-Montratier. Les cartes postales étaient-elles trop osées ?

Un artiste s'est vu confisquer son ordinateur à la suite d'une affaire rocambolesque.

Le mail art, c'est donc risqué. Parce qu'il a voulu envoyer quatre cartes postales, un brin osées, pour les besoins d'une exposition d'Art Postal (mail art) en Allemagne, Philippe Pissier, un artiste basé à Castelnau-Montratier risque trois ans de prison et 75 000 euros d'amende. Une situation étonnante, révélée le 24 juillet par la Dépêche du Midi, et qui a pris un tour nouveau. Un comité de soutien a en effet été créé par la libraithèque « le Droit à la Paresse » et le garage Donadieu, à Cahors, pour demander l'arrêt des poursuites engagées par le ministère public à l'encontre de Philippe Pissier. Ainsi que l'abrogation de l'article 227-24 du nouveau Code Pénal qui stipule que « le fait de fabriquer, transporter, diffuser

[…] un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message » peut être puni, « lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur ». Un article que le comité de soutien, appuyé notamment par la Ligue des Droits de l'Homme, souhaite voir abroger, « l'expression ne pouvant avoir des conséquences liberticides ». L'affaire a donc pris un tour inattendu : « J'ai été convoqué à la brigade de gendarmerie de Castelnau et entendu par la brigade de recherches de Cahors pour quatre cartes postales, des collages érotiques représentant une paire de seins ornés de ponces à linge, rappelle Philippe Pissier. Personne ne m'a dit qui avait porté plainte. On m'a confisqué mon ordinateur et malgré mes appels et courriers, la justice ne me dit rien. C'est complètement injuste et arbitraire. On ne m'a pas rendu mon ordinateur qui est mon outil de travail ». D'où l'idée du comité de soutien pour faire poinds. La pétition aurait été déjà été signée par quelque 200 personnes dans le Lot.

« DEGRADANT POUR LA FEMME »

Et elle devrait rapidement circuler sur internet : « On est en train de criminaliser la liberté d'expression, note Michel Guillaumin. Ce n'est pas admissible et il faut se battre ».

Les amis de Philippe Pissier ont donc décidé d'écrire aux parlementaires, leur indiquant qu'une « société fondée sur le soupçon ne peut avoir aucune cohésion » ainsi qu'au président de la République, en lui demandant « que soit mis fin à ces mesures attentatoires à la liberté des individus ». Interrogé hier soir, Eric Séguin, procureur de la République de Cahors, confirme que l'enquête suit son cours et qu'il n'a pas pris de décision sur les suites (poursuites ou classement). Reste le fond du sujet : « Je voudrais que les gens réfléchissent à l'image dégradante de la femme que renvoient ces cartes postales. À l'heure où l'on évoque les violences faites aux femmes, ce n'est pas inutile ». La direction du courrier Nord Midi-Pyrénées dément, quant à elle, formellement avoir déposé plainte : « Un de nos agents a simplement alerté sa hiérarchie, comme la loi l'y oblige, quand nous découvrons des images qui peuvent porter atteinte aux bonnes mœurs. L'affaire est entre les mains de la justice et nous ne sommes pas tenus au courant ». En clair, la Poste a fait son métier, sans faire de zèle.

Alors qui en voudrait à Philippe Pissier pour des cartes postales dont la dangerosité pour les bonnes mœurs est une affaire sensible et, ô combien, subjective ?

http://www.ladepeche.fr/article/2008/12/11/506316-Castelnau-Montratier-Les-cartes-postales-etaient-elles-trop-osees.html#reagissez

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